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Interviews vidéos et sessions acoustiques

Nili Hadida

9/2/2023

À l’écouter parler, elle ne sait rien faire de mieux. Très active, Nili Hadida, leader et chanteuse de Lilly Wood and The Prick depuis 2006, mène de front une carrière de groupe et une carrière solo entamée en 2018. Ses nouvelles chansons sous son nom propre sortiront entre deux albums du duo pop folk. « J’aime travailler et faire de la musique, lance-t-elle. Comme je n’ai pas de vie de famille, je n’ai pas besoin de faire de pause entre deux projets. » Isolée dans un hameau de cent-vingt habitants, à côté de la forêt de Fontainebleau, elle vit une existence paisible riche de musique, déterminée à se réaliser au-delà du groupe qu’elle forme avec Benjamin Cotto, pour épouser sa nature profonde.
À trente-six ans, l’artiste continue l’écriture de sa propre histoire avec une confiance nouvelle, sur ce qu’elle identifie comme un malentendu. Elle raconte : « Il y a un an et demi, mon ami guitariste Sébastien Delage a passé le week-end à la maison. Je n’étais pas du tout dans l’idée de refaire un disque. Pas du tout ! Pourtant, on a écrit un premier morceau. Puis d’autres, l’hiver dernier. Et tout à coup, on s’est retrouvés à faire un album. Finalement, je me suis prise au jeu. » Autour d’elle, les soutiens se multiplient, venant de ses proches amis et de ses pairs, notamment la chanteuse Izïa, qui lui réserve quelques-unes de ses premières parties. « J’ai reçu plein d’avis positifs, bienveillants à mon égard, des coups de main et des conseils qui m’ont encouragé et donné confiance dans le projet », se réjouit-elle. Elle en avait besoin, surtout depuis qu’elle choisit d’évoluer dans la marge et l’autoproduction.
Ce qui frappe dans ses chansons, c’est leur candeur, qui faisait le charme de ses premières démos en groupe. « Ça peut passer pour de la froideur, de l’agressivité, même du mépris, mais ce n’est pas par posture, explique-t-elle. Je n’arrive pas à trouver ma place dans cette société. Je me sens très queer au sens premier du terme. » Il y est question de la culpabilité d’avoir accidentellement tué un oiseau (I Killed A Bird), ou de notre époque, à qui elle adresse un regard cynique sur le ton de l’humour noir (2022). « C’est la seule façon que j’ai trouvé pour supporter l’existence, dit-elle. On ne va pas sauver le monde alors autant se marrer ! C’est aussi ça l’humour noir, l’humour de mon père, très sarcastique. Ma grand-mère était comme ça aussi. Je lui ressemble énormément. » L’artiste mise sur la simplicité des mots et des émotions. Moins dans l’introspection, ses chansons disent son ouverture au partage, en duo avec Laura Cahen et Melissa Laveaux. « Ce nouveau projet, ce n’est pas que de la musique. J’ai l’impression de faire ce qu’il faut comme il faut, avec beaucoup de sincérité. » Et ça s’entend !